Solidarité totale avec Hadda Hazem

Publié le par Mohsen Abdelmoumen

Hadda Hazem, journaliste et directrice d'El-Fadjr. DR.

Hadda Hazem, journaliste et directrice d'El-Fadjr. DR.

Je viens d’apprendre avec une colère sans limite que mon amie et collègue Hadda Hazem, journaliste et directrice du journal El-Fadjr, vient d’entamer une grève de la faim parce qu’elle subit à travers son entreprise une véritable asphyxie économique car elle a osé dire une vérité que tout le monde connaît, à savoir qui gouverne l’Algérie. Je demande aux autorités algériennes de revenir à la raison, de laisser cette journaliste tranquille et de s’occuper des gangsters qui ont pillé et ruiné l’Algérie. Ahchmou ala Ardakoum ! Vous comptez vous en prendre à tous ceux qui disent la vérité  et à tous ceux qui sont propres et intègres ? Je me rappelle que mon amie Hadda se plaignait déjà de problèmes par rapport à la publicité la dernière fois que je l’ai rencontrée il y a quelques années. Elle m’avait confié qu’elle ne pourrait pas supporter longtemps cette pression. Maintenant, dites-nous, vous les usurpateurs au pouvoir : l’argent de la pub est-elle la propriété de votre famille ? Etes-vous propriétaires de l’Algérie ? Dans ce cas, montrez-nous l’acte de propriété et je m’engagerai à ne plus écrire un mot sur l’Algérie. Bande de cloportes ! Vous en prendre à cette dame ne vous mènera nulle part. Je tiens à dire à Hadda que si elle me demande une campagne de solidarité mondiale, je la lui offrirai. J’espère que vous avez tous reçu le message 5/5. Honte à la presse algérienne qui ne s’est jamais montrée solidaire avec les journalistes harcelés et lésés, mais par contre qui excelle dans son rôle de catin servile du pouvoir corrompu.

Par fraternité et par solidarité, je republie l’article que j’avais consacré à Hadda Hazem sous forme de portrait en octobre 2014 :

 

Née à Guelma (Algérie) en 1960, Hadda Hazem est journaliste et directrice du journal arabophone El Fadjr dans lequel elle écrit un éditorial qui s’intitule « Légendes ». J’ai eu l’occasion de la rencontrer lors de mon récent passage à Alger, où elle m’a reçu avec hospitalité dans son bureau de la Maison de la Presse Tahar Djaout. Personnalité spontanée et attachante, notre consœur est le modèle de la femme algérienne honnête et courageuse qui se bat pour maintenir l’existence de son journal en dépit de l’acharnement de l’actuel ministre des Communications, Hamid Grine, qui ne lui pardonne pas son indépendance d’esprit et sa position contre le quatrième mandat et lui refuse le financement de la publicité d’Etat. Mister Grine, « sinistre » de la Communication, distribue l’argent à d’autres journaux, gérant la manne publicitaire comme s’il s‘agissait de son patrimoine familial, ce ministre ayant sans doute confondu son rôle d’agent commercial de Djezzy avec son poste ministériel actuel. En Algérie, on a jugé utile de créer un portefeuille ministériel inexistant dans les pays qui se respectent. Utile en quoi d’ailleurs ? A gérer les journalistes ? A distribuer la pub ? A organiser des expos de photos à la gloire du maître du jour qui partira un jour comme tout le monde ? Honte à vous, Mister Grine, sinistre qualitatif de la communication, porte-parole de la médiocrité ! Les ministres passent mais la plume reste, et l’inébranlable Hadda résiste avec ténacité pour conserver son journal et payer les salaires de ses employés sans recevoir un centime de la manne publicitaire. Je suis ulcéré quand un directeur de publication me dit qu’il a du mal à payer ses salariés qui ont tous une famille, quand tant d’autres se couchent par vénalité, parce qu’un pouvoir corrompu veut faire taire une presse libre. Déjà opposée au deuxième mandat, Hadda a subi les foudres du clan et a connu la prison pendant 18 jours en 2006 sous un prétexte fallacieux, mais rien ne vient à bout de sa force de caractère et de ses convictions. Contrairement aux portefeuilles ministériels qui disparaissent au gré des changements politico-climatiques, la vaillante Hadda fait partie des vrais patriotes que rien ne peut abattre. « Je sais faire la galette et je survivrai à tout » déclare-t-elle.

Ma rencontre avec Hadda Hazem dans les locaux de son journal s’est déroulée dans une ambiance chaleureuse. C’est un lieu où se croisent des hommes qui ont une histoire à raconter, et pas n’importe quelle histoire, celle de gens qui ont côtoyé Benyahia ainsi que d’autres personnalités marquantes de l’histoire du pays et qui, tous, ont participé à la construction de l’Algérie. « Ils sont des visiteurs réguliers de mon bureau et ces rencontres sont ma source d’inspiration » m’a dit Hadda. Nous avons débattu elle et moi sur des thèmes allant de la politique à notre vision commune d’une presse indépendante et intègre qui n’obéit pas aux injonctions des uns ou des autres. « J’ai toujours été progressiste et militante de gauche » m’a-t-elle confié. Le langage direct, le courage et la fidélité à son engagement sont les caractéristiques de cette héritière de Hassiba, Fatma N’Soumer et Dihya. Pour elle, l’argent n’a pas d’importance : « je n’aime pas l’argent, dit-elle, seule compte la survie de mon journal ». Par amour de la patrie, elle a toujours refusé de se soumettre aux dictats des voyous qui se croient au-dessus de la République, elle a tenu bon contre la hogra et n’a jamais plié devant l’adversité, positions que nous partageons. Patriote jusqu’à la moelle comme elle le prouve au quotidien, son combat démontre que nous, les vrais patriotes, croyons à l’idée de l’Etat nation forgé dans la lutte que nos ancêtres ont menée face à tous les conquérants assoiffés de sang et de pouvoir. La discussion avec notre amie Hadda a été riche et savante et, dans la foulée, je lui ai proposé de faire un partenariat avec Oximity, la plateforme pour laquelle je travaille, afin qu’elle soit à l‘abri des pressions. Je souhaite de tout cœur cette coopération entre El Fadjr et Oximity, car cela permettra d’échanger les expériences en même temps qu’une possibilité au journal de résister à la cohorte de malfrats qui se sont octroyé le titre de guides suprêmes ou tuteurs exclusifs de l’Algérie et de son peuple. Je n’aime pas parler de la cuisine interne de mon pays dans les médias étrangers où je défends les intérêts de ma patrie avant toute chose. Soyons clairs, qu’en est-il de vous, les Grine et consorts ? Quels intérêts défendez-vous ? En tous les cas, une professionnelle comme Hadda Hazem, doublée d’une vraie fille de l’Algérie, mérite tout notre respect quand tant d’autres n’ont pas hésité à retourner leur veste. Elle est la preuve vivante que ce ne sont pas les miettes de la publicité qui réussiront à mettre tout le monde à genoux. Oui, il y a encore des hommes et des femmes debout en Algérie !

Donc, Monsieur Grine, remballez votre pub, vous rencontrerez d’autres Hadda Hazem sur votre route, à l’opposé de celle de vos maîtres voyous. C’est l’éternel combat entre le bien et le mal, et vous êtes l’un des maux de notre République et de notre nation. Réveillez-vous, Mister Grine ! Votre fric n’a aucune valeur pour des gens comme nous. Je peux vous assurer que j‘écris ce que je veux là où je veux, y compris en évoquant la situation catastrophique dans laquelle vous avez mis le secteur de la communication qui ne devrait pas avoir de ministre, et certainement pas des affairistes corrompus de votre acabit au service d’un maître invisible. Des journalistes comme Hadda Hazem et moi faisons du journalisme d’investigation et nous l’assumons au péril de notre sécurité quand vous vous gavez dans les salons dorés des résidences du royaume de l’argent sale. Je vous offre un scoop, Monsieur Grine : préparez vos valises, vous êtes sur le point de passer à la trappe avec certains de vos amis ministres lors d’un prochain remaniement. Même si vous avez bien tapiné pour eux, ceux en qui vous avez placé votre foi ont besoin d’éjecter certains fusibles dont vous faites partie, car c’est là que réside leur seul pouvoir : éjecter, remplacer, permuter les larbins au gré de leur fantaisie. Votre exposition de photographies à la mémoire de votre seigneur et maître, ou du moins ce qu’il en reste, est inutile, car vous partirez bientôt. Relaxez-vous, buvez une tisane et arrêtez votre harcèlement contre les journaux et les journalistes qui ne picorent pas dans votre bassecour.  Une centaine de journalistes algériens sont morts  pour la liberté d’expression en Algérie, sauvagement assassinés lors la décennie rouge sang, et nous devons à la mémoire de ces martyrs de la plume fauchés par le terrorisme ignoble de sauvegarder notre profession en la protégeant de toutes les compromissions et autres trahisons.

Les plumes libres résisteront aux aléas du temps en puisant leur inspiration dans la sève de l’olivier fier et dressé, enraciné dans notre terre ancestrale gorgée du sang de nos martyrs.

Mohsen Abdelmoumen

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